Retour à Altamira


Il y a 17 ans, je me rendais à Altamira, une ville de l'État du Pará, bordée par le fleuve Xingu, en pleine Amazonie brésilienne. À l'époque, c'était mon premier déplacement au Brésil. Langue, habitants, histoire : je ne connaissais presque rien de ce pays. J'étais loin d'imaginer que j'allais lui consacrer près de deux décennies de ma vie, en habitant successivement dans la Zone Ouest de Rio, le Grand São Paulo, puis Brasília et le District fédéral. Des années à travailler notamment sur un projet personnel intitulé Île Brésil, qui a pris la forme, à l’automne 2025, d'une monographie parue aux éditions Dunes.

Mais que s'est-il passé au printemps 2008, dans la poussière et la chaleur d'Altamira ? Un déclic ? Un coup de foudre ? Un choc ? Je me suis souvent posé ces questions, sans trouver la réponse. Et puis, comme c'est parfois le cas lorsqu'un long cycle s'achève, l'envie de revenir sur mes pas, de retourner dans ce lieu où s'origine une partie de mon histoire, a fait son chemin. Une envie doublée du besoin de donner un contexte, un horizon peut-être, au travail que j'ai réalisé toutes ces années au Brésil. Si déclic il y a eu, cela aura été de relire les dernières lignes du texte puissant que l'écrivain et ami João Paulo Cuenca a consacré à mon projet Île Brésil. João y pose une question, grande ouverte : "le monde s'achève peut-être là. Peut-être aussi que la fin du monde a déjà eu lieu, et que nous sommes face à ses cendres encore chaudes ? Ou peut-être est-ce ici que naitra, sur les décombres de l'ancien nouveau monde, un monde réellement nouveau ?"

Entre juillet et août 2025, je suis donc retourné à Altamira. Les images de ce projet, extension logique de Île Brésil, suivent ici. Pour les réaliser, j’ai notamment utilisé des films analogiques périmés avec lesquels je m’étais rendu au Brésil en 2008.