Texte de Bruno Meyerfeld, rédigé à l’occasion de la parution dans M le Monde d'un portfolio consacré à Île Brésil (extraits)
Lorsqu'on pense au Brésil, viennent souvent des images de surabondance et d'affluence. Celles de la luxuriance étouffante et bruyante de la nature amazonienne. Des plages de Rio de Janeiro, noires de monde sous le soleil brûlant. De l'infini skyline des immeubles grisâtres de São Paulo. Des foules de corps collés les uns aux autres lors du carnaval. Et puis, l'image d'Épinal des denses favelas de briques et de tôles grimpant à l'assaut des collines... A première vue, le Brésil est d'abord le pays de la frénésie, du vacarme et du trop-plein.
Mais c'est un tout autre regard qu'a porté sur ce pays le photographe français Vincent Catala. Membre de l'agence VU (et contributeur régulier du Monde), il vit au Brésil depuis 2013. Sa sensibilité l'a amené à choisir des projets immersifs au long cours dans les marges et périphéries des grandes villes, parcourues inlassablement et des années durant à pied, en bus ou en moto. Dans une série intitulée Île Brésil, à Rio de Janeiro, São Paulo et Brasília, respectivement capitales culturelle, économique et politique du Brésil, son regard s'est posé sur le sort de l'individu, sa liberté, sa présence au monde, mais d'abord et surtout son isolement.
Nous voilà à mille années-lumières des fracas du carnaval et de la profusion amazonienne. Dans cet étrange Brésil règne le silence, la distance, l'ennui, l'attente. Et surtout, la solitude.